Alors que la guerre fait rage depuis maintenant plus de deux semaines en Ukraine, occupant quotidiennement - et on peut le comprendre - nos esprits, mais également la totalité de la couverture médiatique, prenons garde à ne pas baisser la garde face à d’autres menaces, non moins dangereuses, qui pèsent tout autant sur la stabilité de notre monde, à commencer par la crise environnementale. Car, pendant que l’humanité trouve à nouveau le moyen de se déchirer comme aux plus sombres heures de son histoire ; semaine après semaine, mois après mois, année après année, la situation environnementale, elle, continue inlassablement de se dégrader. Insensible à la souffrance d’une humanité au bord de l’abîme, dopée par l’aveuglement, l’irresponsabilité et la bêtise de certains, le réchauffement global, tel un prédateur rampant doucement, mais sûrement, vers sa proie à présent affaiblie, progresse. Prenons garde à ce que la guerre de Vladimir Poutine ne détourne pas le regard de l’humanité de cet autre ennemi ; bien réel lui (par opposition à l’Ukraine qui ne menaçait et ne demandait rien à personne) ; un ennemi commun à toute l’humanité, à tous les pays, faisant peser une menace si grande et si dangereuse qu’elle aurait dû depuis bien longtemps pousser l’humanité à l’union sacrée. C’est dire la bêtise absolue qui caractérise ces va-t-en-guerre qui, même en cette période, alors que l’humanité se tient à deux doigts de l’abîme, ne trouve rien de mieux que d’initier une nouvelle guerre mondiale.
Trois combats que l’Humanité n’a d’autre choix que de mener de front.
« Une actualité en chasse une autre ». Jamais cette expression n’aura été tant en résonnance avec la période que nous vivons. Le sujet de la crise environnementale et du réchauffement climatique, après avoir été partiellement éclipsé par la pandémie ces deux dernières années, elle-même quasiment écrasée ces quinze derniers jours par l’actualité géopolitique, a presque entièrement disparu des médias et même, dans le cas de la France, de la campagne présidentielle. Alors même que ce sujet devrait être au centre de nos préoccupations, voilà que le sujet a pour ainsi dire disparu des thèmes de campagnes, déjà nécrosés avant la guerre, par des sujets tels que la question de l’immigration « venant du sud » (pour reprendre les termes d’un candidat que tout le monde reconnaitra) par opposition à celle qui arrive de l’est j’imagine.
Certains me diront, « oui, mais là, s’il y a une priorité, c’est la guerre ».
Je serai comme beaucoup tenté de répondre oui, évidemment. Face à la menace que représenterait un dérapage militaire nous conduisant à une troisième guerre mondiale, face à l’urgence d’apporter une réponse à un peuple sous les bombes qui se fait exterminer ; il est évident que nous devons nous mobiliser, et immédiatement.
Malheureusement, dans notre malheur, il est probable que nous n’ayons plus le luxe de choisir parmi les menaces du moment. Ces trois guerres qui ne disent pas leur nom, militaire, sanitaire et environnementale* menaçant toutes trois la stabilité de notre monde et mettant en jeu jusqu’à notre existence même sur Terre, nous n’avons d’autre choix aujourd’hui que de nous battre sur ces trois fronts simultanément.
Imaginez en effet une ville assiégée sur trois fronts (ce qui est d’ailleurs le cas à l’heure de l’écriture de ces lignes pour Kiev). On comprend aisément qu’il serait suicidaire pour l’armée qui la défend de vouloir concentrer son énergie sur un front en particulier, et délaisser les deux autres pour s’en occuper plus tard. Une telle stratégie mènerait évidemment immédiatement à la chute de la ville.
De la même façon ; l’humanité n’a d’autre choix aujourd’hui que de se battre simultanément pour résoudre les 3 crises majeures que nous traversons simultanément ; ce conflit armé initié par la Russie aux portes de l’Europe, la crise pandémique (qui, n’en déplaise à certain n’est pas terminée) et la crise environnementale à laquelle nous avons déjà tant tardé à apporter des réponses dignes de ce nom.
La perte sur un seul de ces fronts pourrait en effet conduire à l’effondrement de notre civilisation contemporaine, voir, dans le cas d’un conflit qui deviendrait nucléaire ou d’un emballement de l’effet de serre, à la fin potentielle de la vie sur Terre telle que nous la connaissons aujourd’hui. Car ce n’est pas la planète qui est menacée et que nous devons sauver. La Terre nous survivra. En revanche, pour ce qui est de l’humanité, rien n’est moins sûr. Sans compter que de tels scenarios auraient toutes les chances d’entrainer la plupart des espèces vivantes actuelles dans son macabre sillage. C’est dire l’obligation qui est la nôtre de tenir sur chacun de ces fronts et le poids qui repose à présent sur nos épaules : Nous devons non seulement tout faire pour éviter l’escalade militaire, mais également ne pas baisser la garde vis-à-vis de la pandémie avec un relâchement qui arriverait trop tôt alors que de nouveaux variants émergent, et continuer plus que jamais nos efforts pour limiter le réchauffement climatique planétaire, et de manière plus globale pour accroitre la protection de notre environnement naturel, le problème climatique n’étant encore une fois qu’une partie de la crise environnementale que l’humanité a initié.
Des lueurs d’espoirs au cœur du chaos
Si le flot continuel d’informations que les médias déversent au quotidien biaisent ainsi notre regard, occultant ces autres menaces nécessitant notre attention et intérêt, ils ont également pour fâcheuse tendance à nous faire focaliser sur une partie seulement de l’actualité. Les actualités les plus sombres, les mauvaises nouvelles, les crises, les drames, occultent ainsi le plus souvent les nouvelles positives, constructives, porteuses d’espoir, nous empêchant bien souvent de prendre un recul nécessaire pour affronter la réalité avec objectivité et surtout constructivité. Car la finalité qui devrait être celle des médias, au-delà de l’information du public, devrait également d’aider chacun à prendre part à la résolution de ces crises et de ces drames dont ils se font les échos.
A quoi cela servirait-il d’être informé dans un monde qui viendrait à s’effondrer. L’information doit être le terreau d’une révolution à venir, d’un refus par le plus grand nombre de la fatalité. L’information, en nous permettant de mieux comprendre le monde, en nous aidant à mieux appréhender les enjeux, doit également nous permettre d’imaginer des solutions, de mutualiser des énergies, de doper les esprits inventifs, engagés, volontaristes partout à travers le monde pour s’ériger contre l’obscurantisme renaissant et dessiner un autre avenir, en dessinant de nouvelles voies, en offrant de nouvelles opportunités en mettant en œuvre des solutions.
Plus que jamais c’est d’espoir et surtout d’actions concrètes dont nous avons besoin aujourd’hui.
Se lamenter et s’indigner sur un monde en faillite n’apportera rien si cette indignation ne se transforme pas désormais en action concrète et surtout constructive. Car se contenter uniquement de manifester et critiquer (des domaines ou les français excellent) ne suffit plus. Que les râleurs se prennent par la main. A chacun d’agir à présent. A chacun de devenir force de proposition, de s’engager, de se demander concrètement en quoi il peut apporter sa pierre à l’édifice. S’il y avait davantage d’acteurs du changement que de spectateurs et critiques du monde dans lequel on vit, la situation serait probablement très différente de celle que l’on connait aujourd’hui.
Alors que le monde peut sembler plonger chaque jour un peu plus dans le chaos, ne faisons pas par conséquent l’erreur de nous laisser submerger par un pessimisme total qui viendrait masquer plusieurs signaux porteurs d’espoirs bien réels.
Sur le plan de la guerre tout d’abord, puisque c’est le sujet qui génère le plus d’inquiétude au sein de la population dans l’immédiat : n’oublions pas que la quasi-totalité de l’humanité, a clairement déclaré son opposition au conflit russo-ukrainien. Il suffit de surfer sur le NET pour voir tous les jours des manifestations parfois très impressionnantes mobiliser des millions de personnes partout dans le monde pour demander la cessation des combats. Même les alliés historiques de la Russie (exception faite des chefs d’État Vénézuélien, Syriens et Biélorusses qui ont depuis longtemps perdu toute crédibilité face à la communauté internationale) comme la Chine, ont montré une certaine prudence quant au conflit en cours. Même au sein de la Russie, ne tombons pas l’amalgame entre les politiques extentioniste et génocidaires d’un Président qui vit encore à l’âge de l’Union soviétique et son peuple. Une partie non négligeable de la population est en totale opposition avec la politique de Vladimir Poutine, et n’hésite pas à s’y opposer, bravant courageusement la répression et les menaces d’emprisonnement que profère le pouvoir. Quant à la partie qui le soutient, n’oublions pas qu’elle est soumise à un véritable embrigadement intellectuel, une désinformation et manipulation continuelle mise en place depuis des années et qui, si elle n’excuse pas, peut permettre tout du moins de comprendre. Certes, n’enjolivons pas les choses non plus. Certains Russes soutiennent leur Président en connaissance de cause, et dans le monde, l’humanité se déchire en d’autres points du globe où l’émergence de nouveaux conflits ne peut être exclue, que ce soit au Moyen-Orient ou dans le Pacifique, certains pouvant même voir dans le conflit ukrainien une opportunité à saisir pour avancer ses pions. Mais il est un fait indéniable aujourd’hui que l’immense majorité de l’humanité ne veut pas la guerre, encore moins se laisser entrainer dans un nouveau conflit mondial que tout le monde sait qu’il serait dévastateur pour tous.
Sur le plan de la pandémie ensuite, l’humanité aura réussi grâce à la médecine, mais aussi des comportements adaptés à endiguer la pire menace sanitaire à laquelle elle aura été confrontée depuis des décennies. Certes, cela ne s’est pas fait dans heurts, l’humanité est ainsi faite. Les mouvements antivax ou affiliés ne furent pas sans faire désespérer de certains. Mais le fait est que l’humanité a prouvé sa capacité à se mobiliser mondialement pour mettre fin à cette pandémie, même si la menace couve toujours et que le combat n’est pas encore du tout gagné à mon sens, avec probablement de nombreux mois de privations et de précautions nécessaires pour pouvoir espérer revivre un jour sans restriction sanitaire.
Enfin, sur le plan environnemental, si l’humanité a eu ces dernières décennies bien du mal à se mettre en ordre de bataille pour limiter son impact sur la dégradation de l’environnement et des écosystèmes, il ne faudrait pas occulter les mobilisations grandissantes partout à travers le monde, toutes générations confondues. Pour travailler particulièrement sur ces questions, je ne peux que témoigner du nombre incalculable de solutions, d’innovations qui virent le jour ces dernières années pour accompagner une véritable mutation notre société vers un modèle de sobriété, responsable, durable, respectueuse de son environnement naturel et de ses écosystèmes de vie. Il n’y a qu’à voir les milliers de solutions labellisées par la fondation de mon ami Bertrand Piccard ces derniers mois et qui mettent en exergue des solutions économiquement viables et immédiatement disponibles pour changer le monde. Les manifestations pour le climat qui se sont multipliées ces dernières années sont également à considérer comme un espoir de voir les mentalités changer. Gardons justement sur ce point à l’esprit que changer est extrêmement difficile, pour chacun d’entre nous. Se remettre en cause, trouver la force de repenser son mode de fonctionnement, d’abandonner ses habitudes n’est déjà pas simple pour un individu, alors que dire d’un peuple et même d’une civilisation toute entière ? Et pourtant, c’est bien ce que l’humanité a commencé à initier. Certes, le chemin est long, mais les lueurs d’espoir sont innombrables, et ce, sur les 5 continents. La révolution est possible, et même déjà en marche (ne voyaient aucun message politique à cette phrase). À coup sûr c’est un monde totalement différent qui se dessine pour l’humanité à présent. Ce dernier n’étant plus viable, ce n’est pas une mauvaise chose… bien au contraire. Rien n’est encore joué et tout peut encore arriver. Le pire... mais aussi le meilleur.
En conclusion…
Chacune de ses crises, prises séparément, aurait pu sembler insurmontable à l’humanité. Et pourtant, sur chacun de ces fronts, des dynamiques se mettent en place pour endiguer ces menaces. L’humanité n’a pas encore dit son dernier mot. Le sombre destin que lui prophétisent certains ne s’est pas encore réalisé. La marge de manœuvre existe donc toujours, même si la fenêtre de tir s’est considérablement réduite ces derniers mois, et dernières semaines. Mais tout est encore possible. Partout dans le monde des voix s’élèvent en ce sens, des hommes et des femmes s’unissent, conscients de leur responsabilité, de la nécessité pour chacun à agir à son propre niveau, avec ses propres moyens ou au contraire en s’unissant, dans des actions et projets communs, faisant bon usage de l’intelligence dont la nature nous a dotés, non plus pour détruire et saccager, mais pour reconstruire et protéger.
Comme je le dis régulièrement dans mes ouvrages ou dans mes interventions, aux vues de ce qui est en jeu, nous ne pouvons nous permettre l’échec. Sur chacun des trois fronts, nous n’avons d’autre choix que de réussir : nous devons mettre fin à la guerre, sortir l’humanité de la pandémie et endiguer sans plus attendre le réchauffement global. Nous devrons ensuite voire plus loin, même si cela peut sembler prématuré d’aborder cet aspect aujourd’hui, en faisant en sorte de nous prémunir contre toute récidive. À rebours des politiques de réarmement générées par la peur d’une aggravation de la situation géopolitique actuelle, il apparait plus que jamais indispensable que l’humanité bannisse ses armes de destruction massive, à commencer par ses armes nucléaires. Cette humanité doit également tirer les conséquences de la pandémie qui vient de la frapper, en se préparant bien mieux qu’elle ne l’était à faire face à l’émergence possible et probable d’autres virus à l’avenir, comme ce fut régulièrement le cas dans notre histoire. Une humanité qui doit enfin prendre la mesure de son impact environnemental pour mettre en œuvre toutes les politiques nécessaires à la limitation de la dégradation des équilibres de notre planète, pour protéger l’incroyable biodiversité de notre monde, et avec, l’humanité elle-même. Chacune de ces trois taches prises séparément peut sembler immense, et un challenge sans commune mesure dans l’histoire passée de notre monde. Mais ce sont des challenges qui restent possibles à relever, nous en avons l’indéniable capacité, et à présent la volonté. Reste à transformer les intentions en actions concrètes.
Nous pouvons le faire.
Nous devons le faire.
Spes Manet
Yannick Monget
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